Dépression Post Partum
Un site d'aide à la prise en charge de la dépression du post-partum pour les médecins généralistes de la région Rhône-Alpes
Comment dépister et repérer les facteurs de risque ?
Le dépistage de la dépression du post-partum justifie d’interroger les femmes à chaque temps de leur suivi de grossesse notamment à travers l’entretien prénatal précoce et l’entretien post-natal précoce.
L'entretien prénatal précoce est devenu obligatoire depuis mai 2020 et est en général proposé au 4e mois de grossesse, après la déclaration de grossesse. C'est un moment clé pour faire le point sur la santé, notamment psychique, de la future maman et de prendre le temps d'évaluer les éventuelles difficultés familiales, sociales ou psychologiques afin d'orienter vers une prise en charge adaptée si nécessaire. Cet entretien est intégralement pris en charge par l'Assurance Maladie au titre du risque maternité (cotation C2,5).
L'entretien post-natal précoce est devenu obligatoire depuis juillet 2022 et peut se réaliser entre la 4e et la 8e semaine du post-partum. Cette période est charnière car elle coïncide avec la fin de congé du deuxième parent, la patiente étant alors plus sujette à l'isolement, notamment en journée. Cette consultation est différente de la consultation de suivi post-natal qui aborde les aspects somatiques post-accouchement. L'entretien post-natal précoce se focalise sur le plan psychique. Selon les besoins, un deuxième entretien post-natal peut être proposé entre la 10e et la 14e semaine post-accouchement. Ces entretiens sont pris en charge à 70% par l'Assurance Maladie, il n'existe à ce jour pas encore de cotation spécifique pour les médecins.
Le Réseau Périnatal des 2 Savoies a mis à disposition sur son site plusieurs outils pour aider au dépistage de la dépression du post-partum notamment une trame et un guide pratique pour la réalisation de l'entretien post-natal précoce, disponible sur demande par mail (rp2s@ch-metropole-savoie.fr).
L’évaluation de la santé mentale de la femme dans le post-partum doit être renouvelée régulièrement pendant la première année qui suit l’accouchement.
L'utilisation de questions ouvertes permet de repérer les facteurs de vulnérabilité tout en laissant la parole à la patiente. Des structures telles que "racontez-moi", "pouvez-vous m'en dire plus ?" ou encore "comment cela s'est-il passé pour vous ?" peuvent favoriser la communication.
Exemples de questions proposées par le 6e rapport de l'Enquête Nationale Confidentielle sur les Morts Maternelles :
Avez-vous vécu un évènement difficile important dans votre vie ?
Avez-vous eu des difficultés à l'adolescence ?
Avez-vous eu des problèmes alimentaires à l'adolescence ?
Avez-vous déjà consulté un psychiatre ? Pour quel motif ?
Avez-vous déjà eu des idées de mort ou de suicide ?
Avez-vous déjà fait des tentatives de suicide ? A quel moment de votre vie ?
Avez-vous déjà pris de la drogue ? Laquelle ? Tabac ? Alcool ? Cannabis ? En consommez-vous encore ? A quelle fréquence ?
Il est important de repérer les points de vulnérabilité individuels, socio-économiques et gestationnels dès le début de la grossesse lors des différentes consultations de suivi.
Les points de vulnérabilité individuels
Jeune âge
Antécédents personnels de dépression du post-partum : risque de récurrence de 50%
Antécédents personnels de troubles psychiatriques hors dépression du port partum
Antécédent d’hospitalisation en psychiatrie ou récente décompensation psychiatrique
Traitement médicamenteux psychotrope
Antécédents familiaux de troubles psychiatriques (dépression, dépression du post-partum, bipolarité, psychose du post-partum, schizophrénie, trouble de personnalité, troubles anxieux)
Antécédents personnels et familiaux de passage à l’acte suicidaire
Addictions : tabac, alcool, cannabis ou autres, médicamenteuses
Antécédents traumatiques, d’abus sexuel, de deuils récents
Antécédents obstétricaux lors de grossesse précédentes
Les points de vulnérabilité socio-économiques
Isolement : absence de soutien social, familial, du partenaire
Refus par le père de la grossesse
Séparation du couple au cours de la grossesse ou en post-partum
Précarité sociale (difficultés financières, difficultés de logement)
Situation migratoire (notamment exposition à un désastre, à la guerre), problème de la langue et des représentations culturelles
Carence affective dans l’enfance
Conflit familial, violence familiale physique ou psychique, placement dans l’enfance
Placement des enfants précédant la grossesse actuelle
Les points de vulnérabilité gestationnels
Grossesse non prévue ou non désirée
Contexte d'aide médicale à la procréation
Déni de grossesse
Irrégularité dans le suivi ou non suivi de la grossesse, refus de soins
Déclaration tardive de grossesse
Primiparité
Grossesse à risque ou compliquée
Inquiétude excessive liée à la grossesse, consultations itératives notamment aux urgences obstétricales
Accouchement traumatique, vécu comme une menace vitale pour elle-même ou pour l’enfant
Allaitement vécu comme un échec par la maman
Décès de l’enfant au cours de la grossesse ou en post-partum
Deuil dans la période périnatale actuelle