Dépression Post Partum

Un site d'aide à la prise en charge de la dépression du post-partum pour les médecins généralistes de la région Rhône-Alpes

Comment faire le diagnostic ?

La dépression du post-partum n’est pas reconnue comme un diagnostic à part entière dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders V (DSM V) mais comme un sous-type de dépression avec l’intitulé « Major Depressive Disorder, with peri-partum onset ». Cet intitulé permet de prendre en compte les femmes présentant une symptomatologie de dépression durant leur grossesse, le diagnostic ne se limitant pas uniquement aux symptômes apparaissant après l’accouchement. 

En effet, environ un tiers des patientes présentant une dépression périnatale ont vu les premiers symptômes apparaitre pendant la grossesse.


Le diagnostic d’une dépression du post-partum selon les critères du DSM V requiert la présence d’au moins cinq symptômes parmi ceux listés ci-dessous, évoluant depuis au moins deux semaines et constituant un changement par rapport à l’état antérieur. Ces symptômes doivent être apparus durant la grossesse ou durant les quatre premières semaines suivant l’accouchement (ce délai étant communément étendu à un an). Cela est généralement concomitant de la fin du congé du deuxième parent, cette période est donc un moment charnière où il faut être vigilant quant au bien-être psychique de la mère.


La dépression du post-partum est à différencier du « baby blues » qui survient chez environ 70% des femmes en post-partum et est résolutif en moins de deux semaines.

Critères diagnostiques de la dépression du post-partum selon le DSM-V

A. Au moins 5 des symptômes suivants doivent être présents pendant une même période d’une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.

NB : Ne pas inclure les symptômes manifestement attribuables à une autre affection médicale.

(1)   Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (ex. : se sent vide ou triste ou désespéré) ou observée par les autres (ex. : pleure ou est au bord des larmes). NB : Éventuellement irritabilité chez l’enfant ou l’adolescent.

(2)   Diminution marquée du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(3)   Perte ou gain de poids significatif en absence de régime (ex. : modification du poids corporel en 1 mois excédant 5 %) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours.

NB : Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de l’augmentation de poids attendue.

(4)   Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.

(5)   Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constatés par les autres, non limités à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).

(6)   Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.

(7)   Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d’être malade).

(8)   Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(9)   Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider.

B. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.

C. Les symptômes ne sont pas attribuables à l’effet physiologique d’une substance ou d’une autre affection médicale.

NB : Les critères A à C caractérisent l’EDC.

NB : La réaction à une perte significative (p. ex. décès, ruine financière, perte secondaire à une catastrophe naturelle, affection médicale ou handicap sévères) peut inclure une tristesse intense, des ruminations au sujet de cette perte, une insomnie, une perte d’appétit et une perte de poids notée au niveau du critère A, et peut ressembler à un épisode dépressif. Bien que ces symptômes puissent être compréhensibles ou considérés comme adaptés face à cette perte, la présence d’un EDC en plus de la réponse normale à cette perte doit aussi être envisagée. Cette décision demande que le jugement clinique tienne compte de l’histoire individuelle et des normes culturelles concernant l’expression de la souffrance dans un contexte de perte.

Pour constituer un trouble dépressif unipolaire, les critères D et E doivent s’y ajouter :

D. L’occurrence de l’EDC n’est pas mieux expliquée par un trouble schizo-affectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant, ou un autre trouble psychotique.

E. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque ou hypomaniaque.

Certains symptômes doivent alerter sur le risque de survenue de dépression du post-partum. 

Signes d’alerte pendant la grossesse

Signes d’alerte en post-natal

Persistants au-delà d'une à deux semaines post-accouchement

La symptomatologie peut également être portée par le bébé du fait de l'impact des troubles des interactions mère-bébé. Il est important de rechercher une dépression du post-partum chez la maman devant certains symptômes chez le bébé :

Il faut également y penser lorsque les consultations pour le nourrisson sont répétées alors que ce dernier est en bonne santé apparente. Il s'agit souvent d'une manifestation de l'angoisse de la mère.

Il existe très souvent une dénégation des symptômes ressentis par la maman. L’auto-questionnaire EPDS peut ainsi être proposé aux patientes pour aider au diagnostic. Cet outil diagnostic a montré une bonne corrélation avec le diagnostic de dépression du post-partum. Traduit dans quatorze langues différentes, sa version française a été validée.

Ce questionnaire est disponible en ligne sur le site des 1000 premiers jours ou en version imprimable.